Le chemin

Le chemin.

Un chemin parcouru maintes fois,
conduisant vers mon passé.

Un étrange chemin familier.

Des impressions, des odeurs, des éléments de vie lointains hantant ces lieux.

Décor de boue, de branches, d’herbe hivernale, d’arbres dépouillés par le froid de l’hiver, de buissons, exhumant des moments de vie vécus ici ; des instants noyés dans l’épaisseur du temps.

Une scène de nature hivernale conférant un aspect étranger à ce lieu.

Des bruits de moteurs de voitures, le fracas de motos passant le long d’une route bien plus fréquentée qu’autrefois, m’interrogent sur cet endroit.

Que reste-t-il de ces années effacées sous les couches successives d’autres années déposées là ?

Des souvenirs d’évènements au bout de ce chemin temporel ravivés par ce cadre, et tellement en décalage avec ce moment présent.

Scènes du passé réveillées par ce chemin, cette terre boueuse, ces plantes endormies se fracassant contre ce même environnement présent.

La permanence du présent m’éloigne de ces moments passés.

Voyage temporel avorté, neutralisé par ces couleurs ternes de saison, ces bruits mécaniques rappelant une nouvelle époque.

Là-bas n’est plus, ainsi vont les choses.

Elles naissent, elles vivent, le temps passe, les enferme dans une petite bulle, dans une zone de notre tête. Cette bulle réapparaît, grossit au détour d’un chemin, nous transporte dans une portion de notre vie.

Puis le chemin emporte cette bulle, nous laissant là, dans le présent, au milieu d’une scène modifiée par les années, les décennies écoulées.

Perdue dans une installation contemporaine qui semble avoir toujours été là, me faisant douter du passé, de mon passé.

Je suis là.