
Une odeur de poisson, une odeur de criée, plane dans l’air.
Je me laisse guider.
Face à moi des caseyeurs, des chalutiers, des plates de mytiliculture, des barges de plongée.
Des pontons m’appellent, je m’y glisse et pars à l’aventure entre des caisses aux contenus divers. De vieux plastiques, des cartons, des filtres à huile usagés, des filets ayant remplis leur office, à la retraite bien méritée, jonchent les pontons.
Des casiers empilés aussi, attendant la prochaine sortie en mer, reposent sur ces pontons.

Un léger vent, l’air est de plus en plus lourd : des orages à venir ?
Je m’imprègne du lieu, il me saisit à son tour. Les pontons flottant bougent faiblement sous l’action de l’eau très calme. Les énormes pieux auxquels ils sont fixés leur laissant peu de liberté. Des espars métalliques de fort diamètre profondément ancrés sous la vase.
La mer est sereine cet après-midi de printemps. Sous un ciel automnal, la lumière est diffuse.

Des navires de pêche m’entourent, ils racontent leurs voyages au large de La Rochelle. Des bouts, des filets, des pavillons fixés à une bouée par un bambou qui serviront à indiquer l’emplacement de casiers au fond de l’eau, des panneaux, des enrouleurs, des portiques, des treuils, des chaînes de chalut. Des bidons en plastique usagés vidés de leur contenus antérieurs ont droit à une seconde vie : ils attendent bien sagement, accrochés sur un tableau arrière, leur nouvelle mission à venir. Ils serviront de flotteurs.
Les haussières tendues retiennent les bateaux aux pontons.
Beaucoup de ces bateaux sont marqués des stigmates de la mer et de son sel. Des gouttes, des mares, des ruisseaux de rouille parsèment les terres métalliques. Des portes en bois attaquées par le temps protègent des cabines de pilotage. De vieux tubes aux longues chaînes polymériques partiellement détricotées par les rayons ultraviolets du soleil sont suspendus.
Des cirés traînent sur les ponts comme si les marins avaient dû évacuer à toute allure leurs vaisseaux.
Un marin-pêcheur rapièce un filet. Le seul présent ce jour sur ces pontons.
Je fixe sur le capteur, des étraves, des treuils, des poulies, des haussières, des couleurs diverses, des reflets dans l’eau comme répétitions du monde d’en haut sur cette limite d’avec le monde sous-marin.
Le vent a tourné, il souffle un peu plus fort.
Fatiguée de porter le matériel, je rebrousse chemin vers la terre ferme. Des bâtiments de métal aux couleurs vives me font face. Décidée à arrêter ce voyage marin et photographique, je me dirige vers ma voiture. Et, plus loin, l’orange d’un canot de la SNSM (la société nationale de sauvetage en mer) m’attire. Ses marins-sauveteurs sont en manœuvre, ils quittent le port vers la mer. En partance pour une mission de surveillance ? De sauvetage ? Ou pour un entraînement ?
Clic-clac.
Fin de ce voyage dans ce monde de la pêche.Samedi 20 mai 2023

Plusieurs séries de photographies de ce voyage.
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